La défense de la patrie est, certes, un devoir sacré. Un appel solennel auquel doit répondre volontairement et spontanément toute personne ayant atteint 20 ans, âge légal pour passer sous les drapeaux, dans l’une des unités des forces armées.
Les campagnes de conscription militaire ont commencé le 3 juin pour s’étendre jusqu’au 5 du mois prochain. En effet, les natifs du 2e trimestre de 2004 et ceux des années précédentes, n’ayant pas encore régularisé leur situation vis-à-vis de l’accomplissement du service national, sont invités à se présenter volontairement aux centres régionaux de conscription et de mobilisation dans les villes de Tunis, Sousse, Béja, Gabès et Kasserine, munis de leur carte d’identité nationale.
Un appel du devoir
Cet appel, habituellement lancé par le ministère de la Défense, n’était pas, par le passé, écouté. C’est que l’idée de s’engager dans une formation militaire ne plaît pas toujours aux premiers concernés, les jeunes. Ce qui incite au recours à ce qu’on appelait communément les «rafles», obligatoirement imposées aux jeunes recrues, afin d’honorer leurs engagements et franchir le seuil de l’institution militaire. Ainsi faut-il toujours répondre à l’appel du devoir sacré. Ceci revêt, depuis des années, un aspect aussi facultatif que volontaire, dans la perspective d’opter pour le choix individuel et réconcilier, de la sorte, les jeunes avec le service national.
D’ailleurs, le ministre de la Défense national avait, en réponse aux interventions des députés liées à ce sujet, indiqué que «l’institution militaire connaît actuellement une baisse de ses recrues en compétences scientifiques, en raison du phénomène de fuite des cerveaux». Et pour cause, la reprise des «rafles» ou campagnes de conscription militaire serait-elle vivement souhaitée, voire forcément exigée ? Ceci étant, face à ce besoin, il n’y aurait plus de choix. Tout devrait, alors, passer dans le cadre de la loi : «Le citoyen qui ne se présente pas pour régulariser sa situation vis-à-vis de la loi sur le service national, au sens du paragraphe premier de l’article 2 et des articles 17 et 20 de la présente loi, est considéré comme ayant commis l’infraction prévue par l’article 66 du code de justice militaire», ainsi stipule l’article 31 de la loi du 14 janvier 2004 sur le service national.
Sens d’appartenance et de patriotisme
Cela dit, la défense de la patrie est, certes, un devoir sacré. Un appel solennel auquel doit répondre volontairement et spontanément toute personne ayant atteint 20 ans, âge légal pour passer sous les drapeaux, dans l’une des unités des forces armées. Sonne ainsi fort le commencement d’une nouvelle phase de maturité citoyenne. Un véritable tournant qui marque profondément la vie des jeunes recrues, les habilitant à s’imprégner du sens d’appartenance, de patriotisme et de discipline militaire.
En fait, l’accomplissement du service national n’a jamais été aussi souple qu’aujourd’hui. Et la nouvelle image que se donne l’armée le motive de plus en plus. Son exercice se déroule en modes distingués, le but étant d’inciter les jeunes à régulariser leur situation et honorer, de la sorte, leurs engagements vis-à-vis de la mère patrie. Afin de les amener à rattraper les reports des délais à chaque fois prolongés. Car, diplômé ou pas, employeur, employé ou même promoteur privé, le service national reste toujours un rendez-vous prévisible, plutôt temporisé jusqu’à l’âge limite de 35 ans. Hormis les cas de dispense préétablis, et au-delà de certaines raisons majeures bien définies par la loi, le devoir militaire demeure, alors, une obligation. Ainsi stipule l’article 2 de ladite loi relative au service national.
Aussi, ce qu’on appelle affectations individuelles sont-elles des alternatives mieux conditionnées et beaucoup plus simplifiées. Soit, à titre compensatoire, vingt et un jours passés au rythme militaire intensifié, sans pour autant être privé de son travail ou écarté de son projet.
Par ici le chemin de l’armée
Mais comment devenir soldat ? Le premier pas se fait aux portes de l’un des cinq centres de conscription et de mobilisation, à travers les 24 bureaux régionaux que compte le pays. A Bouchoucha, au Bardo, rien n’est laissé au hasard. Le contrôle y est assez minutieux. Par où commencer ? Le jeune conscrit doit suivre un parcours à virages dont seule l’aptitude physico-mentale est censée lui donner un laissez-passer. Tout est parti de la salle d’accueil et des connaissances, avant d’aborder une à une les étapes suivantes. De la mesure du rapport taille-poids, diagnostic de la tension artérielle, du test ophtalmo pour s’assurer de l’acuité visuelle, et bien d’autres analyses radios approfondies…
Un tel circuit méticuleusement parcouru en centaines de minutes si stressantes et cruciales, au cours duquel le jeune candidat est soumis à une série d’examens médicaux et des épreuves psycho-techniques soutenues. Tout est noté sur le dossier médical de l’intéressé. Vient ensuite l’ultime étape décisive, celle de l’évaluation pour annoncer le verdict : «apte ou inapte». Enfin, les admis sont bien placés, ils ont le pied à l’étrier. Ils se frayent le chemin des soldats.
Puis, ces jeunes recrues sont appelées à passer à la salle de coiffure, prendre une douche et recevoir leur package militaire (tenues de combat, vêtements et autres). Sonnera, par la suite, l’heure d’une formation initiale de base, avant d’être, plus tard, affectées à l’une des unités des forces armées (Armée de terre, de mer ou de l’air).
Du reste, d’après le ministre de la Défense nationale dans une déclaration à l’agence TAP, le service militaire a aussi pour but de former un noyau d’une «armée de réserve logistique» en plus de renforcer les structures de l’Etat par les ressources humaines nécessaires, afin de combler les postes vacants et mettre en œuvre la stratégie du ministère (2021-2030).